14 voix-Affaire Baupin

Ne plus se taire. Ni contre le harcèlement sexuel en politique, ni contre la bêtise crasse du Front National

Hénin-Beaumont, Humeur, Prises de position

Décidément, le Front National local est vraiment à vomir…

J’ai pris connaissance avec stupéfaction des déclarations abjectes tenues par Francois Vial – Employé au service communication de la ville d’Hénin-Beaumont, Conseiller Départemental du canton Hénin 2 et Conseiller Communautaire en tant qu’élu d’opposition à Oignies – sur son compte Facebook personnel et celui de la page « Oignies Bleu Marine ».

 

Je pense que Monsieur Vial parvient surtout avec ces déclarations aberrantes à faire la triple démonstration de sa bêtise, de sa méchanceté et du fait qu’il ne connait strictement rien ni en matière de féminisme ni en matière de harcèlement sexuel ni au fond de cette affaire.

Que comprend-il aux souffrances que Denis Baupin a provoquées et provoquera chez mes courageuses collègues et copines Sandrine, Elen, Annie et Isabelle ? Chez celles et ceux qui comme moi, chez nous avaient reçu un témoignage direct de copine mais à qui il n’appartenait pas de le rendre public ? Chez celles et ceux qui comme moi, chez nous, avaient des bribes du puzzle, suffisamment pour en parler « entre filles », vider son sac, avertir, accompagner mais pas suffisamment pour ne pas s’exposer à de la diffamation en parlant publiquement ? Chez celles et ceux qui comme moi, chez nous, ont été entrepris-e-s sans forcément que cela ne constitue un harcèlement en soit car nous avons eu la chance que les choses s’arrêtent à temps ?

Qu’aurait fait Monsieur Vial confronté à ce sujet tabou face auquel parler aurait risqué de punir les victimes d’une double peine car à l’agression ou le harcèlement se serait joints la honte peut-être, l’incompréhension surement, et surtout – et cela n’a pas raté – le risque que le député en question ne les accuse de mentir ?

Oui, le choix de parler ou non concernait les copines en question. Ce n’était pas à nous de prendre la décision pour elles. Il fallait les aider, les accompagner, les protéger. Non pas les faire taire. Mais les laisser décider du moment où elles se sentiraient prêtes à affronter la sortie du silence pour être à leur côté à ce moment là. Et faire front, derrière elle. Dans un contexte extrêmement complexe. La photo du 8 mars de Denis Baupin portant du rouge à lèvre contre les violences faites au femmes a fait office de détonateur pour elles et je m’en réjouis.

Le communiqué de Denis Baupin parlant d’allégations mensongères alors que les témoignages sont nombreux, recoupés, connus et concordants est une seconde violence qui leur est faite.

Le culot malsain de celles et ceux qui tentent, comme Monsieur Vial, d’en faire un argument de politique, au niveau national ou au niveau local, en est une autre forme.

Un homme agresse et harcèle des femmes. Mais à aucun moment Monsieur Vial n’interpelle directement cet homme. Non, il s’en prend à une autre femme, celle qui est sur son passage localement. Comme d’autres s’en sont abjectement pris depuis lundi à la femme de Denis, Emmanuelle Cosse. Ou à Cécile Duflot qui pour certains auraient couvert, et pour d’autres – dont un Ministre qui l’explique très sérieusement aux journalistes depuis mardi – aurait « soufflé sur les braises » pour « punir Emma ». Ou même, comble du comble, aux victimes en questions « qui auraient du parler plutôt ».

Monsieur Vial est tellement ignorant en matière de féminisme qu’il commet dans son commentaire un combo d’énormités toutes plus grosses les unes que les autres.

J’aimerais donc qu’il m’explique en quoi je serais une « féministe de l’espèce hystérique – celle qui découragerait les hommes les moins misogynes de s’engager en faveur de la cause des femmes ».

La tournure « les hommes les moins misogynes » est d’ailleurs troublante : comme si TOUS les hommes étaient misogynes à quelques nuances près… Mais dans quelle monde vivent les élus Front national ? Quels hommes fréquentent-ils ?

Il est vrai qu’il m’arrive de regretter d’être la seule femme à intervenir en toute une séance en Conseil Communautaire ou en Conseil Municipal. Je continue à trouver cela perturbant dans des assemblées composées à 50% de femmes. Mais je ne vois pas bien en quoi cela fait de moi « une féministe hystérique ». Je sais d’ailleurs pour en avoir discuté à plusieurs reprises à l’agglo comme au conseil municipal que plusieurs de mes collègues femmes couvrant l’ensemble des différents groupes politiques du territoire en sont tout aussi étonnées que moi sans avoir forcément les moyens, la force, l’occasion ou l’envie de l’exprimer.

Bref, le but est de me faire taire sur le sujet le moyen retenu s’annonce contreproductif. Surtout que Monsieur Vial, dans sa grande cohérence, me reproche de m’être tue en me demandant justement de me taire, sous peine à l’avenir d’être méprisée (« Ses prochaines rodomontades féministes au conseil municipal d’Hénin-Beaumont ou à la Communauté d’agglomération seront désormais accueillies comme il se doit : par le mépris… »).

Donc je résume. Monsieur Vial, grand féministe depuis lundi matin, trouve que quand j’en dis peu j’en dis déjà trop (« féministe hystérique », « rodomontades féministes au conseil municipal »). Que quand je n’en dis pas assez je suis lâche («  elle est au premier rang de celles et ceux qui, par leur lâcheté, ont abandonné à leur sort des femmes dont le seul « tort » était de correspondre aux goûts de Denis Baupin ») . Et que désormais si je parle du sujet je serai méprisée. Belle démonstration d’un machiste qui peut être s’ignorait jusqu’à aujourd’hui mais qui vient de s’outer en pensant jouer au chevalier blanc.

Monsieur Vial, vous mélangez tout. L’idéologie, la politique, et enfin nos affrontements politiques locaux et la révélation nationale d’un drame qui impose le respect et non la polémique.

Je vous remercie à l’avenir de m’épargner vos leçons de féminisme ridicules, nauséabondes et machistes.

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